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Geneviève Healey nous raconte son aventure au Gravel Bikepacking Challenge 500

Geneviève Healey nous raconte son aventure au Gravel Bikepacking Challenge 500

Lors du Gravel Bikepacking Challenge (GBC500), un parcours de 500 km en gravelle, j'ai affronté des conditions météorologiques extrêmes et des défis mentaux intenses. Malgré la pluie incessante, la boue collante et les moments de doute, j'ai réussi à repousser mes limites. Entre encouragements inattendus et coups durs, cette aventure m'a fait découvrir une nouvelle facette de ma résilience, me prouvant que la satisfaction vient souvent après les épreuves les plus difficiles. Une aventure exigeante, mais profondément gratifiante !

 

Ma participation au GBC500 (ou la fois où j’ai le plus flirté avec l’abandon)

 

Moi, la fille de route inscrite au Gravel Bikepacking Challenge (GBC), un événement de 500 km… en gravelle? Eh oui, il faut croire que j’avais besoin de sortir de ma zone de confort. Si je suis habituée à la longue distance sur route, mes compétences en gravelle sont encore récentes et peu développées. Ce pari contre moi-même, de compléter le parcours de 500 bornes, était donc assez risqué, mais tel n’est pas le propre d’un excellent défi? Excitant, mais effrayant à la fois? 

 

Puisque je revenais d’un événement d’ultracyclisme à l’étranger, mon volume d’entraînement était largement suffisant, mais ces 1000 km parcourus en Corse en quatre jours avaient-ils trop usé mon mental? C’est ce qui me trottait en tête… jusqu’à ce que, quelques jours avant l’événement, la météo se dégrade et en vienne à me faire douter encore plus de mon plan. J’avais prévu faire 250km par jour, un peu coincée dans les contraintes de ne plus avoir de journées de vacances. 

 

Mon stress pré-événement augmentait proportionnellement avec la quantité de pluie annoncée… 25-30 mm de déluge abondant le samedi et orages violents le dimanche. Ouf!

JOUR 1

J’arrive enfin au départ en me disant que tout ce que je peux faire, c’est me concentrer sur les éléments que je contrôle. 6 h 07, le départ est donné et ça part en lion. On dirait que tout le monde est en mission pour parcourir le plus de chemin possible avant le début de la pluie, moi y compris! Rapidement, les premières montées donnent le ton et les quadriceps chauffent. J’ai un peu mal à l’orgueil de me faire sans cesse dépasser par des gens qui ont commencé après moi. En tant que néophyte en gravelle, je passe mon temps à comparer ma configuration avec celle des autres et à douter de la mienne. N’empêche que le rythme est bon, malgré tout. Je ne fais que de courts arrêts aux premiers ravitos. Puis, comme prévu, le vent se lève, faisant du même coup chuter le mercure et Dame Nature faisant rarement les choses à moitié, elle envoie le déluge vers 14 h. 

 

Vous vous en doutez bien : routes de gravelle + eau = boue. Beaucoup de boue. Ça colle sur le plat, ça dérape en montée et en descente. Même si les gouttes me fouettent le visage, je pose mes lunettes sur mon casque tellement la visibilité est mauvaise, surtout dans les sentiers plus étroits et techniques. Le vélo n’est pas épargné non plus : la transmission et les freins se bourrent de boue.

 

 

Le couvert nuageux est tellement dense qu’on dirait que la nuit est tombée deux heures à l’avance. La pluie, quant à elle, n’a pris aucun répit, et ce, jusqu’à minuit. Hélas. 

 

Malgré le fait que des ravitos se trouvent à chaque 50 km environ, je finis par manquer de jus et, vers 20 h, j’ai un gros coup de mou. Tellement que je crains de ne pas me rendre à temps à mon hébergement avant le couvre-feu obligatoire de minuit à 6 h AM. Je commence à insulter le vent et à injurier la pluie qui s’acharne. Question de sécurité, je traîne un bivy et un sac de couchage d’urgence, mais aucune envie de les utiliser dans un temps pareil, encore moins durant 6 h!

 

Deux accompagnateurs me voient glisser dans un virage et saisissent l’opportunité de ressusciter ma motivation : une KitKat, une Snickers et un Coke plus tard, me voilà repartie pour les 35 derniers km, gonflée à bloc! 

 

Bien branchée sur cette énergie, je traverserai deux mares de boue où j’ai calé jusqu’aux genoux, grimperai un sentier de quatre roues vraiment ardu, m’enfoncerai dans la glaise et dévalerai la piste cyclable du Mont Orford. Je rejoindrai finalement mon hébergement au km 252 vers 22 h 15. Ouf! 

 

La partie est loin d’être gagnée, car mon hébergement se trouve à mi-chemin, mais aussi à côté de la voiture et du point final de la course. Psychologiquement, je ne le sais pas encore, mais ce sera mon plus gros obstacle à surmonter pour repartir le lendemain matin. 

JOUR 2

5 h AM, le réveil sonne. J’avais un maillot et un bib de rechange dans mon sac de selle, mais tout le reste est encore dégoulinant. Mes bas, malgré un lavage intense la veille, sont gorgés de sable. Un agréable exfoliant pour les pieds et les mollets. Je finis par sortir du lit après avoir longtemps procrastiné et négocié avec moi-même. Il n’est pas déjà 6 h AM qu’une veille d’orages violents est sur le radar. J’ouvre la porte et je suis presque soufflée par le contraste : il fait chaud, très chaud. Le ciel est noir, lugubre, et l’envie d’abandonner est forte. Je décide de partir quand même, car des amis sont supposés me faire un coucou à 50 km, le parcours passe tout près de chez eux.

Même si je doute qu’il sera possible de répéter la même formule qu’hier en devant m’arrêter lors des orages, je me dis que je me dois tout de même d’essayer. La nuit porte conseil et je me rappelle de ne jamais prendre de décision pendant un creux motivationnel. Finalement, après quelques embûches pour trouver un déjeuner, je reprends la route avec un peu de retard, mais ça avance. Lentement, mais sûrement. Je devance le gros nuage et ses quelques gouttes, puis retrouve mon mini-fan club. On roule ensemble les 4 kilomètres restants vers le premier ravito de la journée : les meilleurs légumes frais et trempette de ma vie! Le soleil me chauffe la face et ça fait mauditement du bien au moral, en plus d’avoir pu socialiser. C’est la solitude que je trouverai le plus difficile le dimanche. Seuls les participants du 500 km accèdent au parcours après 250 km; parmi la cinquantaine d’inscrits à cette distance, je suis la onzième à traverser. Même pour l’ultracycliste en moi, habituée aux longues sorties solo en selle, je me sens plutôt isolée, perdue au fin fond des chemins de traverse de l’Estrie. Je parlerai à des dizaines de chevreuils, un renard, un chien agressif (lui, je lui ai plutôt crié après) et plusieurs vaches. Mais ça n’a pas suffi. Vers 20 h, le soleil commençant à être fatigué, j’ai un autre coup de barre. La section entre les deux derniers ravitos était brutale : après 130 km seulement j’avais 3000 m de dénivelé au compteur, en plus du violent orage qui m’a obligée à me mettre à l’abri dans un fossé, sous ma couverture de survie. Je me rends donc à l’évidence, impossible de terminer le parcours avant minuit dans cet état d’alerte faiblissant. Je dois manger et dormir. Je trouve le seul AirBnb encore disponible près du parcours, tant pis pour les 100 $ de trop, il faut savoir respecter ses limites. Les miennes criaient depuis déjà un bon moment. Ce fut aussi très salutaire d’échanger avec la dame chez qui je séjournais plutôt qu’avec des animaux sauvages.

JOUR 3 ET FIN

Armée de ma leçon d’humilité de la veille et d’un bon repas, j’attaque les derniers 70 km du GBC500 sous un ciel bleu clair. À peine 10 km plus tard, je franchis le dernier point de contrôle, ça fait un bien fou de poinçonner la dixième case de cette carte de course. Machinalement, je vérifie la pression de mes pneus et je constate que le pneu arrière est très mou. Pas étonnant que je me trouvais lente la veille, 30 PSI! 

 

Peu de temps après, j’ai une impression de rebondissement. Le pneu en a perdu encore plus. Je dois me rendre à l’évidence : crevaison, mais qu’importe, il fait frais et sec, je m’installe confortablement en bordure de route et me surprends à changer le tout avec le sourire. Ça aurait tellement pu être pire à la noirceur et sous les orages! 

Ça y est, il ne reste que 8 km avant que ce ne soit la fin. C’est la fois où je suis passée le plus près d’abandonner, la fois où j’ai puisé le plus loin en moi pour remonter à la surface. La fois la plus satisfaisante depuis longtemps et je suis remplie de fierté : frissons et bouffée d’émotions. Quelques larmes coulent sur mes joues en guise de soulagement. Qu’il fait bon de se sentir en vie comme ça! 

ET APRÈS? 

En quatre ans, c’est la première fois que les conditions météo sont aussi dantesques pour les aventuriers du GBC. Je ne saurai donc jamais ce qu’aurait été mon aventure si la météo avait été plus clémente, mais n’est-ce pas là la beauté de ce type d’événement? Accepter le coup de dé et toutes les facettes possibles qui viennent avec; on sait quand on commence, mais pas quand on va finir… ni dans quel état! Mon souhait était de sortir de ma zone de confort et j’ai été plus que servie! Merci à Argon 18 de m'avoir permis de vivre ces 508 km et 8700 m de pure folie. Tout comme à Mathieu Performance d’avoir pris soin du bolide avant… et après! 

 

Vélo : Argon 18 Grey Matter SRAM Rival

Développement : Mono-plateau (40) et cassette 11-42

Pneus : 38mm Vittoria Terreno Dry

Chargement : Aeropack Tailfin 18L + sac de tube 1L Tailfin + sac de cadre 3L Tailfin et sac de guidon Apidura 2L

 

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